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LA VIE MEDICALE
La première gazette russe est Le Bulletin édité à partir de 1703 à Moscou. Pendant le XVIIIe siècle l'Académie des Sciences publie régulièrement un journal en latin (101).
Le premier périodique médical russe est le Bulletin Médical de Saint-Pétersbourg à l'existence brève (automne 1792 - été 1794) et à la diffusion restreinte (212-99-221-74-76).
Il faut attendre 1808 pour qu'apparaisse le Journal de Médecine Physique qui ne parut que trois fois de 1808 à 1821. Un troisième titre, le Journal Général de Sciences Médicales est publié par l'Académie Médico-Chirurgicale de 1811 à 1816 mais paraît aussi de façon irrégulière (99-212).
La première revue d'importance est le Journal de Médecine Militaire. Sa création est due au directeur de l'Académie Médico-Chirurgicale, le célèbre écossais James Wylie. Son but à l'origine est de fournir aux médecins militaires éloignés les informations sur les dernières découvertes internationales. Tous les médecins militaires doivent s'y abonner mais son audience dépasse vite le cadre de l'armée pour séduire beaucoup de praticiens. De très nombreux chercheurs y publient leurs travaux (Pirogov, Botkine, Setchenov, Pavlov, etc.). La revue connaît une longue carrière depuis son premier numéro en 1823 à sa fermeture en 1917 (212).
Pendant les années suivantes, peu de périodiques naissent. Citons Le Messager des Sciences Naturelles et Médicales (1828-1832), L'ami de la Santé (1823-1869) et le Journal Médical de Moscou (1847-1859).
Entre 1856 et 1864 c'est l'explosion ; 25 journaux voient le jour. Mais beaucoup, faute de moyens, n'ont qu'une existence éphémère. Un retient l'attention : la Gazette Médicale fondée à Moscou par Inozemtsev se révèle l'organe d'avant-garde de la médecine russe. Botkine, Minkh ou Zakharine y écrivent (99-130-76-74-13).
La revue la plus importante du XIXe siècle est sans conteste Les Annales de Médecine Légale et d'Hygiène Publique. Organe du très officiel Département Médical, il voit le jour en 1865. Son premier directeur, le docteur Lovzov en fait le reflet de la situation sanitaire du pays. Paraissant quatre fois par an, la revue publie outre les directives officielles, toute une série de données épidémiologiques, évolutions, cartes, dessins et commentaires qui en font la bible des médecins des nouveaux zemstvos. La revue "devint l'initiateur sérieux et l'organe littéraire spécial de la salubrité en Russie" (154). Malheureusement sa vie fut brève. En 1872, Les annales changent de directeur et de nom et perd ses qualités essentielles. Après plusieurs autres modifications, la revue n'est plus qu'une succession de "chiffres qui ne pouvaient offrir aucun intérêt à personne car ils ne formaient que des tableaux périodiques qui n'étaient accompagnés d'aucune explication et qui n'étaient jamais complet" (154-218-76).
Une censure spéciale pour la médecine est créée en 1886. Plus souple et mieux adaptée à l'évolution des sciences, elle favorise la création de nouvelles revues. (207). Le nombre de journaux existants passe de 8 en 1869 à 28 en 1891. Ils sont de plus en plus spécialisés. Botkine fonde en 1869 les Archives Cliniques de Médecine Interne et en 1881 la Gazette de Clinique Hebdomadaire. Les deux premières revues de psychiatrie sortent en 1883. Le premier journal de chirurgie (Le Messager de la Chirurgie) est créé en 1885. Korsakoff fonde en 1895 le Journal de Médecine Sociale.
En 1909, il existe plus de 60 périodiques médicaux paraissant dans tout le pays. Bien peu d'entre eux traversent les frontières de l'empire (137).
La première société médicale de Russie est fondée en 1763 à Saint-Pétersbourg. Les membres se réunissaient une fois par semaine. Ils assistaient à des lectures d'articles étrangers et de communications entre facultés. Cette société ne dure que cinq ans. La "Société d'émulation des Sciences Naturelles et Physiques" aura plus de succès. Attachée à l'université de Moscou, elle voit le jour en 1804.
Comme pour les revues médicales, c'est surtout pendant le début du règne d'Alexandre II que le phénomène prend de l'ampleur. La profession se découvre une unité et des intérêts communs. Au moins 28 sociétés médicales sont créées entre 1858 et 1864 dont la plus célèbre, la "Société des Médecins Russes" est fondée à Moscou par Inozemtsev. Botkine et Pavlov en furent les présidents (99).
Une autre organisation, "la Société des Médecins de Kazan" (créée en 1868) aura une grande influence sur l'organisation des statistiques dans le zemstvo de la province de Kazan. Son travail remarquable engage le zemstvo dans une orientation de santé publique plus ambitieuse et efficace (154).
Mais c'est la "Société de Médecins Russes en Mémoire de N.I. Pirogov" qui va dominer peu à peu toute la vie médicale de l'empire. L'association que l'on nomme vite par ellipse "Société Pirogov" voit le jour en 1883, deux ans après la mort du grand chirurgien. Son double but est l'amélioration de la santé publique et l'éducation du peuple. Elle est principalement composée de médecins de zemstvo mais devient le symbole de toute une profession qui rêve de responsabilités et d'autonomie. Un de ses fondateurs est l'hygiéniste bien connu Friedrich Erismann (207).
A partir de 1885, la société se réunit en congrès tous les deux ou trois ans. Les nombreux participants (1500 à 2000 délégués de tous les zemstvos) discutent des problèmes actuels de santé publique et prennent souvent des décisions actives et efficaces. Des commissions statistiques ou des missions médico-humanitaires sont mobilisées pour les fléaux endémiques de la Russie (épidémies de diphtérie, de choléra, famines, etc.) (60).
A la veille de la Première Guerre Mondiale, les membres de la "Société Pirogov" accueillent avec enthousiasme la révolution "bourgeoise" de février 1917 et se mettent immédiatement au service du jeune gouvernement. Mais l'insurrection bolchevique d'octobre 1917 est beaucoup moins bien vécue. Malgré quelques membres communistes, la "Société Pirogov" se déclare majoritairement hostile au nouveau pouvoir. Après quelques années de lutte vite inégale, la société se dissout avec ses rêves d'indépendance (226).
Les communistes ont créé en 1918 "l'Union des Travailleurs Médicaux" ; progressivement tous les médecins y adhèrent (seule possibilité pour trouver un emploi). 98% des médecins y sont inscrit en 1927 (226).
3- Le Congrès international de médecine de Moscou en 1897
C'est à Moscou que se tient en 1897 le douzième Congrès International de Médecine, le premier en Russie. Du 19 au 26 août, près de 500 participants de tous pays s'y rencontrent. Outre les exposés scientifiques, c'est l'occasion pour certains de découvrir la Russie et décrire son organisation médicale. Politesse ou conviction ? les congressistes félicitent les russes pour l'hôpital flambant neuf de Moscou que certains considèrent même comme le meilleur établissement hospitalier du monde (143-216).
La médecine russe au début du XXe siècle tient sa place dans le monde
scientifique.