C - LA MEDECINE AVANT LE XIXe SIECLE

 1- Préhistoire, Antiquité

2- Moyen-Age

3- Ivan le Terrible

4- Du temps des troubles à Pierre 1er

5- Pierre le Grand

6- De Pierre à Catherine

7- Catherine II la Grande et Paul 1er

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 1- Préhistoire et Antiquité

Les premiers documents écrits apparaissent en Russie après la christianisation du pays au Xe siècle et l'implantation des monastères où les lettrés peuvent composer leurs chroniques. Auparavant, les seules sources d'étude restent l'archéologie et le témoignage des voyageurs étrangers. Les documents médicaux sont dans ces conditions extrêmement rares.

Un très joli vase scythe en or datant du IVe siècle avant J.-C. fut retrouvé à Koul-Oba en Crimée (figure 1) (32).

figure 1 : le vase de Koul-Oba (143)

Les quatre scènes gravées semblent évoquer dans l'ordre un homme-médecine interrogeant un chef, puis lui arrachant une dent, et enfin lui soignant une jambe blessée (143-76). Une scène intermédiaire montre le praticien bandant son arc.

Les documents manquent à peu près complètement pendant les 1200 ans suivants. On sait que des liens commerciaux existent avec les marchands grecs, arabes et chinois. Des missionnaires chrétiens gréco-romains établissent des contacts avec les Slaves dès le VIe siècle. Des échanges médicaux semblent être attestés par des similitudes dans l'utilisation populaire de certaines plantes (jusquiame, aconit, hellébore...) (172-174).

2- Moyen-Age

Quand Vladimir le Sage adopte le christianisme comme religion d'état en 988, Kiev est à l'apogée de sa puissance. Les missionnaires byzantins qui s'implantent en Russie apportent avec eux la foi orthodoxe, l'écriture grecque et l'organisation en monastères.

Très tôt les premiers hôpitaux s'ouvrent au sein des premiers monastères (Kiev au Xe siècle, Petcherski en 1070) (89-143). Ils sont tenus par des moines qui hébergent mais aussi soignent gratuitement les pauvres et les malades (89). Les moines pratiquent la médecine d'après les manuscrits grecs (174) à l'aide de prières (228), de simples (174) et sont également capables de chirurgie élaborée (amputation, trépanation) comme le révèlent les fouilles archéologiques. La médecine monastique est encouragée par l'état et même subventionnée puisqu'en 996 Vladimir offre 10% des recettes de l'état à l'église pour l'aide aux indigents.

Mais il ne faut pas oublier que l'activité médicale des monastères reste très marginale sur la population (231). En fait les soins sont donnés quasi-exclusivement par les sorciers du village, qui resteront les principaux praticiens des paysans russes jusqu'au début du XXe siècle. Les sorciers seront vigoureusement combattus par l'église orthodoxe qui tentera de les exterminer. La pratique "illégale" de la médecine est condamnée dès Vladimir le Sage par un code de loi du XIe siècle.

Le premier médecin exerçant en Russie dont on ait gardé le nom est un laïc : Jean Sméra, un polonais ayant étudié à Byzance et en Egypte. Il n'est d'ailleurs pas connu pour sa pratique médicale mais par une mission diplomatique que lui confia Vladimir (92-128-221-174). Sméra illustre le versant laïc de la médecine kievienne : les médecins de cour, tous étrangers en l'absence de formation médicale en Russie, vont prendre une place de plus en plus importante jusqu'à supplanter la médecine monastique (174). Ils pratiquent une médecine laïque, salariée (231), d'inspiration plus cosmopolite que la médecine des monastères, exclusivement grecque (174). S'ils peuvent être temporairement employés par les hôpitaux des monastères (134), leur activité est dominée par les soins aux membres de la cour.

Kiev connaît donc du Xe au XIIe siècle une prospérité politique, économique et culturelle ; la médecine commence à se structurer. Mais les guerres civiles et surtout l'invasion mongole mettent un terme à l'état kievien. Les Mongols de Genghis Khan envahissent la Russie en 1240. Suivent alors 250 ans de domination mongole, période la plus sombre de l'histoire de la Russie ; le pays entier est isolé, les institutions détruites, les arts et les sciences subissent un déclin brutal et important.

La médecine est sévèrement touchée : l'arrivée de médecins étrangers cesse totalement et avec eux la médecine laïque (76). L'art médical se réfugie dans les monastères (143), mais là aussi la connaissance décline, les moines apprenant de moins en moins le grec et ne pouvant plus traduire les manuscrits médicaux anciens (174). Un des seuls témoignages médicaux de cette époque rapporte que le métropolite Alexis, possédant quelque don ophtalmologique est envoyé à Saraï, la capitale mongole pour y soigner une princesse tatar (76). Au joug mongol s'ajoute en 1352 la malédiction de la Grande Peste Noire qui atteint la Russie après le reste de l'Europe. Là aussi l'épidémie est très meurtrière même si on ne dispose pas de chiffres précis.

Au fil des ans la domination mongole se relâche et Ivan III de Moscou qui avait acquis une grande puissance libère définitivement la Russie en se faisant couronner Tsar et Autocrate en 1480. Le pays s'ouvre de nouveau au reste du monde, d'abord par Ivan III qui épouse en 1472 une nièce du dernier empereur de Byzance. Ce mariage entraîne en Russie un afflux d'artistes, savants et médecins (143). Mais les mœurs se sont durcis sous les Mongols ; deux événements effrayent quelque temps les médecins tentés par une carrière russe :

Anthony, un médecin allemand, est "découpé comme un mouton" et jeté dans la Moskova en 1583 par des mongols pour n'avoir pu soigner un de leurs princes (143).

Maître Léo, médecin juif vénitien arrivé de Byzance avec la femme d'Ivan III s'engage sur sa vie à guérir un jeune prince. Mais celui-ci meurt et Léo est exécuté publiquement en 1488 (143).

La Russie cependant (la cour en fait) manque cruellement de médecins. Quelques très rares russes sont envoyés étudier à l'étranger (Drobobicz à Bologne en 1476, Skorina à Padoue en 1512) (89). Mais surtout les tsars réclament aux autres souverains d'Europe de leur envoyer des médecins avec leurs livres et des médicaments (174). En 1533 Lujeff, un médecin allemand, est appelé au chevet du tsar Vassili III pour soigner un empyème de l'aine. Lujeff annonce au tsar qu'il ne pourra le guérir. Malgré la mort du tsar, pronostiquée par Lujeff, celui-ci n'est pas exécuté. 

3- Ivan IV le Terrible (1533-1584)

De personnalité très complexe, Ivan navigue toute sa vie entre le bien et le mal pour finalement sombrer dans l'horreur. Ce n'en est pas moins un grand administrateur qui jette les bases de la Russie moderne et un fin politique qui assoit définitivement la domination de Moscou sur la Russie. Il chercha à établir des liens avec les puissances occidentales, pour lui fournir les spécialistes, et surtout les médecins qui manquent toujours. En 1547, un allemand envoyé par le tsar réunit 120 spécialistes dont plusieurs médecins. Mais ils sont arrêtés à Lübeck par la Ligue Hanséatique et seuls quelques uns parviennent à rejoindre Moscou (76). Ivan se tourne alors vers l'Angleterre dont un explorateur vient d'arriver par la mer Blanche en 1553 en Russie. Ivan le Terrible et Elisabeth d'Angleterre vont dès lors établir des relations privilégiées se manifestant notamment par l'envoi de plusieurs médecins et pharmaciens. Couverts de cadeaux à leur arrivée, les médecins étrangers connaissent ensuite des fortunes diverses. Certains deviennent influents (Jacob (143-194-128), Rydley (128-143)) d'autres qui intriguent sont expulsés ou même exécutés (Bomel (143-76)). Ce sont tous exclusivement des médecins de cour.

Un pharmacien anglais, Frencham, crée en 1581 la première officine au Kremlin, destinée à fournir les médicaments uniquement pour le tsar et sa famille (194-174-231-92-143). Cette pharmacie, l'aptéka, est le germe de ce qui deviendra au fil du temps l'institution dirigeant toute la médecine de la Russie.

Le reste de la population naturellement ne bénéficie pas de ces nouveaux médecins. Le peuple, l'armée et même les nobles continuent d'acheter leurs médicaments dans des échoppes (primeurs, boucheries,, etc.) et de consulter les sorciers (194). Seuls quelques très riches personnages possèdent leurs propres médecins, chirurgiens et apothicaires (221). On voit apparaître des hôpitaux laïcs bâtis par des guildes de marchands et d'artisans (134), mais c'est encore urbain et très marginal.

4- De Ivan à Pierre (1584-1682)

Après Ivan, l'afflux de médecins étrangers se poursuit. Offrir un médecin au tsar est devenu un cadeau à la mode (76). Mais de nombreux charlatans veulent aussi tenter fortune en Russie (128). La pratique médicale est alors réglementée et les nouveaux médecins doivent satisfaire plusieurs conditions : ils doivent avoir une recommandation de leur souverain (143), emmener avec eux leurs livres et des médicaments et passer un examen de connaissance devant l'aptéka (128-221). Ils prêtent ensuite serment de fidélité au tsar, reçoivent des présents somptueux (143) et peuvent commencer leur travail. Anglais, Allemands, Hollandais, Italiens, une cinquantaine de médecins occidentaux s'établissent en Russie de 1600 à 1690, le plus célèbre est le médecin et alchimiste anglais Arthur Dee (65-89-143).

Quelques rares russes sont envoyés étudier en Angleterre et en Hollande (128-221). Une école de médecine est même ouverte temporairement en 1654 pendant une épidémie de peste : trente soldats apprennent en quelques mois les rudiments médicaux (89-167-128). Mais il n'existe toujours pas de réelle formation médicale en Russie.

La médecine militaire se développe : chaque régiment de 1600 soldats doit avoir son chirurgien (128-221-129).

En 1620, l'aptéka est rebaptisée Aptékarski Prikaz ("département des apothicaires") (194), elle délivre les médicaments au tsar selon un cérémonial précis : la mixture est goûtée par le médecin, le pharmacien et le serviteur qui l'apporte à l'Empereur (143-194). Petit à petit, l'Aptékarski Prikaz s'ouvre aux nobles de la cour (dès 1630) puis à quelques soldats. La vieille pharmacie ne suffit plus, une nouvelle Aptéka est crée à Moscou en 1672, ouverte à toute personne de tout rang. L'Aptékarski Prikaz reste au service du Tsar et de la cour. La demande en médicaments augmente ; des expéditions maritimes partent en Europe à la recherche des substances officinales, des ramasseurs de simples sont envoyés dans tout le pays et un jardin botanique est même crée à Moscou (194-174-143). Surtout, l'Aptékarski Prikaz est chargée de contrôler la santé des habitants et de lutter contre les épidémies (143-128). Les moyens sont encore faibles mais c'est, au milieu du XVIIe siècle, le premier embryon de service de santé publique (143). D'autres pharmacies s'ouvrent dans les villes de province (194).

5- Pierre le Grand (1682-1725)

Pierre est assurément le plus grand tsar de l'histoire de la Russie. Fasciné par l'Occident qu'il visita longuement il ne cesse de moderniser le pays. Il bâtit même sur les bords de la Baltique en 1703 une nouvelle capitale à son nom : Saint-Pétersbourg.

Passionné par les sciences et les techniques, Pierre s'intéresse beaucoup à la médecine qu'il apprend en Hollande. On dit que sa mallette de dissection le suivait partout (84). De fait, il pratique volontiers l'art dentaire et la dissection. Il réalise même quelques opérations chirurgicales assez complexes comme une paracentèse abdominale chez la femme d'un marchand... qui meurt deux jours plus tard ! (84-76-128). Plus importante est la création, enfin, d'une véritable école de médecine russe. Les médecins étrangers (surtout allemands et hollandais) continuent d'affluer (environ 160 entre 1690 et 1730) (97-89) et des russes sont encore envoyés en Europe (143-76-128). Mais en 1707, l'Empereur fait construire le premier hôpital moderne russe : le Gofspital de Moscou sur les plans de l'hôpital de Greenwich qu'il a visité. Pierre lui associe la première école de médecine sous la direction de l'excellent Bidloo, médecin hollandais (89-134-84-92-76-128-143-167-100). Les premiers diplômés, lékar ("médecin") ou podlékar ("officier de santé") selon leur niveau, sortent en 1713 (89).

Les efforts médicaux de Pierre se concentrent surtout sur son armée. Les deux hôpitaux militaires de Saint-Pétersbourg avec chacun leur école de médecine sont parmi les premiers bâtiments construits vers 1715 (89-100). Pierre alloue en 1716 un médecin à chaque division, un chirurgien à chaque régiment, un feldsher (aide-chirurgien) à chaque compagnie. Deux équipes de pharmaciens s'occupent de toute l'armée (76-128-221).

L'Aptekarski Prikaz évolue aussi et devient la Chancellerie des Apothicaires en 1714 puis la Chancellerie médicale en 1725 (143-76-221-134-100). Elle dirige peu à peu toutes les disciplines médicales : contrôle des médecins, pharmaciens et médicaments, santé publique, médecine militaire, etc.(100)

Durant son règne, Pierre fait bâtir 10 grands hôpitaux, 500 hospices et de nombreuses pharmacies (76-84). Il est souvent considéré comme le fondateur de la médecine russe (84-76).

6- De Pierre à Catherine : 1725 à 1762

De la mort de Pierre le Grand à l'avènement de Catherine II, la médecine russe subit une baisse de niveau notable (143) : les établissements, non entretenus, menacent ruine (143), on ne trouve plus un hôpital de 200 lits dans tout le pays (76).

Quelques structures sont cependant mises en place : Académie des Sciences en 1726 (128-221) et surtout Université de Moscou en 1755 (143-100) dont la section médicale s'ouvre en 1764 (100). Les postes universitaires et toute la médecine russe en général sont encore fortement dominés par les étrangers, on dénombre plus de 500 docteurs en médecine non russes au XVIIIe siècle. Plusieurs problèmes freinent l'accession des médecins russes aux postes importants :

- l'université de Moscou ne décerne pas le titre de docteur en médecine. Les médecins (lékars) doivent l'obtenir à l'étranger pour devenir l'égal des médecins occidentaux (134).

- la plupart des élèves des écoles sont allemands, censés retenir mieux l'enseignement (167). Il est vrai que les cours sont dispensés le plus souvent en allemand par des professeurs allemands.

- les médecins russes manquent de place devant la pléthore de confrères occidentaux (101).

Un médecin allemand d'origine française, Lestocq, joue un rôle politique important : il favorise l'accession au trône en 1741 de l'impératrice Elisabeth et devient son favori. Mais il perd ses faveurs ; accusé de trahison il est envoyé en exil en Sibérie (143-97-128).

Elisabeth porte un grand intérêt aux sages-femmes et ouvre plusieurs écoles d'obstétrique (128-221).

Plusieurs municipalités commencent à employer des médecins à salaire fixe pour venir en aide aux indigents (221).

7- Catherine II la Grande (1762-1796) et Paul 1er (1796-1801)

Despote éclairé comme Pierre, Catherine marque plus l'histoire par ses rapports avec les philosophes des Lumières que par ses réalisations effectives (38).

Quelques réformes cependant intéressent la vie médicale : le Collège de médecine remplace en 1763 la Chancellerie médicale (89-183-76-221). Il obtient en 1764 le droit de décerner le titre de docteur en médecine. Mais les membres du Collège, principalement des étrangers, répugnent à accorder ce titre : Catherine doit les forcer à accepter le premier doctorat en 1768, et il faut attendre 1783 pour le second (89). La situation change quand l'université de Moscou en 1791 est elle aussi autorisée à décerner le titre (89).

Catherine fait preuve de courage et de modernisme en 1768 quand elle et son fils le tsarévitch Paul se font inoculer la variole par Dimsdale, un médecin anglais (143-128-221-76).

Plusieurs hôpitaux sont construits, certains spécialisés : hôpital pour enfants trouvés en 1770 (143-166-76-116-128), pour malades mentaux (76-76), pour inoculation antivariolique (128), hôpital "secret" pour maladies vénériennes (143-76).

L'activité médicale est encore fortement militaire : la plupart des 1500 médecins formés pendant le XVIIIe siècle en Russie servent à couvrir les besoins de l'armée, les hôpitaux sont remplis de soldats.

La santé publique se développe malgré tout avec la création d'un bureau médical dans chaque capitale de province. Les médecins, sous la direction du Collège médical, doivent présenter un rapport sur la situation sanitaire de leur région. Ils sont encore trop peu nombreux pour apporter une aide significative à la population. La figure 2 montre un accroissement rapide de la population médicale vers la fin du siècle.

figure 2 : nombre de médecins en Russie de 1600 à 1800 (97-89-99-143-74)

Sous le bref règne de Paul, le vieil hôpital de Moscou qui tombe en ruine est reconstruit (143). Le Tsar crée en 1799 l'Académie Médico-Chirurgicale de Moscou et Saint-Pétersbourg dont la section pétersbourgeoise deviendra la meilleure faculté de médecine tsariste (89-143-183-76-221-107).

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D - PROLEGOMENES

 Il est de coutume de débuter une étude sur la Russie par un exorde sur l'immensité du pays. Le terme n'est pour une fois pas galvaudé : 21,6 millions de km² en 1914 (39 fois la France d'aujourd'hui, 2 fois et demie les Etats-Unis) hébergeant 166 millions de personnes. Seul l'empire Britannique de Victoria dépassa (de peu) cette taille mais avec des possessions souvent très éloignées et agitées.

La plupart du temps nous limiterons notre étude à la Russie d'Europe pour quelques raisons simples : comme pour les autres pays impérialistes, le XIXe siècle est pour l'empire des tsars une ère de conquêtes. Son territoire s'agrandit de 25% en un siècle : pays baltes (1795), Finlande (1809), Pologne (1815), Caucase (1801 à 1854), Extrème-Orient (1860), Asie Centrale (1854 à 1878). Ces nouveaux territoires jouissent souvent de statuts particuliers et ne bénéficient pas des mesures politiques et sanitaires de la Russie historique. Nous exclurons aussi souvent la Sibérie, bien que de conquête ancienne (XVIIe siècle) ; c'est une région très vaste mais très peu peuplée (0,5 habitant par km² en 1897) ce qui rend son administration difficile.

Les chiffres que nous avancerons pourront parfois être soumis à caution. Les recensements réalisés tous les 10 ans au XIXe siècle n'avaient d'autre but que de calculer les taux d'impôts et dresser les listes de conscriptions. On ne prenait en compte ni les femmes ni les enfants. Quelques études statistiques locales notamment dans les grandes villes pourront parfois nous servir. Le premier recensement "moderne" est organisé en 1897, beaucoup des chiffres cités lui sont dus.

Les données sur la santé de la population ne sont également que des approximations plus ou moins grossières avant les années 1860-1870. Les sciences statistiques connaissent alors un grand engouement : il s'agit d'adapter l'effort médical aux besoins de la population. C'est pourquoi nous disposons de chiffres précis et de bonne qualité sur l'état sanitaire de nombreuses provinces de l'empire.

 Nous ferons souvent références au système des zemstvos ou "auto-gouvernements régionaux". Avant d'étudier en détail la question au chapitre qui les concerne, signalons qu'il s'agit d'un système de décentralisation de certains pouvoirs administratifs vers les régions, rendu nécessaire après la libération des serfs en 1861. Entre autres fonctions, le zemstvo reçoit la gestion du système sanitaire. Petit à petit, sous l'impulsion du corps médical, une véritable organisation de santé publique se met en place dans les campagnes jusque ici oubliées. Des médecins salariés et des hôpitaux de proximité apporteront des soins médicaux gratuits et de qualité aux paysans qui en étaient totalement démunis. Notons que les zemstvos ne furent mis en place que dans 34 des 50 provinces de la Russie d'Europe.

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